La saga des "F" 

par Yan Morvan

Je n'ai pas l'habitude de réaliser des bancs d'essai techniques mais, le nouveau F5 entre les mains, j'ai ressenti le besoin d'aller fouiller dans mes armoires à négatifs.

Rockers se recoiffant - puces de Clichy (septembre 75)

Utilisateur de tout type de matériel, reflex, télémètres, jetables, moyens-formats, chambre folding, le nouveau Nikon ressuscitait en moi de longues années de photojournalisme et, bien que présenté par la pub comme l'arme absolue des photographes de sport, je m'imaginais quel parti un reporter pourrait tirer du dernier des F. Il est difficile de promouvoir une marque (ce qui n'est pas le cas ici) en associant la prétendue excellence d'un certain type de matériel avec la gravité et le drame humain que certains types d'images peuvent relater. Il faut voir dans l'exposé de ces souvenirs, plutôt l'attachement d'un artisan à ses instruments, le plaisir de penser qu'une certaine tradition et philosophie de l'outil photographique se perpétue, et si j'ai cité Nikon, c'est que la série des F reste pour moi liée au succès professionnel que m'a procuré ce type de matériel, au même titre que les Leica et Technica Linhof dans d'autres domaines. Sachez que, bien que l'outil ne fasse pas le Cartier (Bresson), mon premier boîtier fut un Leica M5 équipé d'un 2/50mm...

Mais avant tout, à l'intention de ceux qui croient toujours au mythe du photoreporter, il est urgent de relater ces propos tenus à vingt ans d'intervalle et qui éclairent quant aux conditions qui ont présidé à l'obtention de ces images.  

Johnny et les belles - place de la contrescarpe (septembre 75 )