La saga des "F" |
Guerre du Liban (Août 82 Beyrouth)
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le F dans tous ses états
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Mais c'était l'indestructible Nikon F qui ramenait les pires images de l'enfer du Vietnam, du Moyen-Orient, des bousculades à l'Elysée ou des événements de mai 68. C'était l'épée du chevalier, le Graal des reporters, le sésame au paradis des baroudeurs. Etudiant, fauché, j'étais collé à la devanture des boutiques du quartier Odéon, qui affichaient insolemment les aspirations d'un futur reporter. Le Nikon F coûtait cher à l'époque, relativement beaucoup plus que ne coûtent les boîtiers d'aujourd'hui, mais c'était le prix de l'équipement d'un chevalier des temps modernes. | |
![]() Guerre du Liban (Août 82 Beyrouth) |
Guerre du Liban (Août 82 Beyrouth) Le F2 sortit, comme un super F, mais déjà moins pratique et trop sophistiqué, inspirant aux accros du F un " non mais " qui en disait long sur l'attachement au modèle originel. Je fus du F2, l'utilisant à tout escient, parfois même pour assommer la concurrence, au propre et au figuré (dans les bousculades effrénées des premiers temps de l'arrivée de la gauche au pouvoir). Irlande du Nord, Iran-Irak, manifs, émeutes? Parfois, je n'en pouvais plus, les Leica que j'emmenais partout avaient déjà rendu leur télémètre que mon brave F2 continuait à dérouler sa bobine au kilomètre, depuis longtemps sans mesure de la lumière (les photomics DP2 n'ont jamais fonctionné dans les conditions extrêmes). Je fus, pour des motifs économiques et de sagesse technique l'un des derniers à utiliser des F2, jusqu'en 1982, date à laquelle je remplaçais tout mon parc par des F3. |
J'avais déjà acquis un des tout premiers F3 en 1981, et cette opération fut à l'origine du sauvetage de ma carrière. Pigiste permanent de l'agence Sipa-press depuis août 1980, mon attitude (je ne ressemblais pas à l'époque au cliché du photoreporter) m'avait attiré l'inimitié (la presse est un des milieux les plus conservateurs qui soit) des autres membres de l'agence. Gökshin Sipahioglu, le patron de l'agence souhaitait sauver ma tête, mais pas à n'importe quel prix et surtout, exigeait un effort de ma part pour justifier son soutien vis à vis des autres photographes. | |
Drakkar: attentat contre le QG Français à Beyrouth (Octobre 83) |
Dépêché en Grande-Bretagne pour réaliser des reportages-magazines sur la préparation du mariage de Lady Di, je n'avais que 2500 F pour tenir pendant au moins trois semaines jusqu'à l'arrivée du staff. La veille du mariage, quasiment clochardisé par des nuits d'insommeil dans une Simca 1500 à l'état de ferraille, je vis arriver le staff de l'agence dans des autos de location de luxe, louant des hôtels inabordables et m'annonçant que je devrais partager la note avec eux, attendu qu'on était en "pool", ce qui signifie qu'on partage à la fois les gains et les pertes entre tous les membres de l'équipe. |
Relégué le jour J sur un podium loin des cérémonies, je savais
que mon seul espoir d'entrevoir Lady Di ce jour-là reposait sur la providence
qui me ferait entrevoir subrepticement sa jolie frimousse, protégée par
un équipage formé du carosse royal lancé vers Westminster à plus de trente
kilomètres heure. Il ne me restait qu'à utiliser le 400mm 5,6 et le F3 en automatique, incapable que j'étais de deviner les conditions de lumière qui
règneraient à l'intérieur d'une distante calèche nuptiale. LA photo fut la bonne, je réussis à faire la mise au point et
l'automatisme du F3 donna une solution acceptable. LA photo fut l'une des plus
publiées du mariage et je gagnai chez mes confrères l'estime qui me permit
de sauver ma place à l'agence. |
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Attentat dans les quartiers chiites (Novembre 83 Beyrouth) |
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